Une filière, un poumon vert de l’économie française en 2025

En 2025, la France redécouvre les vertus économiques d’une plante ancestrale longtemps marginalisée : le chanvre industriel et bien-être.

Après une décennie de flou réglementaire et d’opposition institutionnelle, la filière retrouve des couleurs, portée par une demande grandissante, des usages diversifiés et une structure agricole plus solide que jamais. Du textile à l’alimentation, en passant par la construction, la cosmétique et les cannabinoïdes non psychotropes comme le CBD, le chanvre devient progressivement une filière agricole d’avenir, génératrice d’emplois locaux et de valeur durable.

Une filière en pleine structuration

L’année 2024 a marqué un tournant décisif pour le secteur. La publication de textes européens clarifiant les taux autorisés de THC, couplée à une pression croissante des consommateurs pour des produits naturels et traçables, a permis aux cultivateurs français de se projeter de nouveau avec confiance.

Résultat : en 2025, plus de 20 000 hectares de chanvre sont cultivés sur le territoire, soit près de trois fois plus qu’en 2019.

« On assiste enfin à une professionnalisation du secteur, avec une structuration claire entre producteurs, transformateurs et distributeurs », explique Marc Lefort, analyste indépendant du secteur agricole. Les coopératives locales et les laboratoires partenaires se multiplient, favorisant des circuits courts, une meilleure traçabilité et une relocalisation de la valeur ajoutée.

« Le chanvre est une opportunité de souveraineté verte pour la France »

Au cœur de cette dynamique, des acteurs comme Jungle Grower, producteur et grossiste français spécialisé dans les fleurs de CBD et les résines premium, voient leur modèle validé par les chiffres.

« Le chanvre légal, c’est une opportunité de souveraineté verte pour la France. En 2025, on parle de centaines d’emplois créés dans nos régions, de terres revitalisées, et d’un marché en pleine expansion qui ne dépend pas des géants étrangers », confie le fondateur de Jungle Grower. Avec un objectif affiché de 6 000 kilos de production annuelle, l’entreprise emploie aujourd’hui une dizaine de collaborateurs directs, auxquels s’ajoutent des dizaines de partenaires (séchage, conditionnement, logistique).

Un impact direct sur l’emploi local

Selon l’Observatoire de la Bioéconomie Verte, la filière chanvre représente déjà plus de 3 000 emplois directs en France, et pourrait en générer jusqu’à 10 000 d’ici 2028, si la tendance se poursuit. Ces emplois touchent une large variété de métiers :

  • agriculteurs spécialisés
  • ingénieurs agronomes
  • opérateurs de transformation
  • techniciens de laboratoire
  • logisticiens
  • responsables qualité et conformité
  • vendeurs et distributeurs spécialisés

Ce maillage contribue à redynamiser des territoires parfois délaissés par les industries traditionnelles. Dans l’Aude, la Drôme ou la Creuse, des micro-filières se mettent en place autour de projets coopératifs, souvent portés par des agriculteurs en reconversion ou des start-up rurales.

Une matière première aux mille usages

Au-delà du CBD, le chanvre séduit pour sa polyvalence écologique. Ses fibres longues servent dans le bâtiment (béton de chanvre, isolants biosourcés), ses graines sont utilisées dans l’alimentation santé, et son huile entre dans la composition de cosmétiques naturels.

Le tout avec un bilan carbone ultra-positif, puisque le chanvre capte plus de COâ‚‚ à l’hectare que la plupart des cultures classiques.

Cette capacité à irriguer plusieurs secteurs industriels fait du chanvre un levier de souveraineté agricole et énergétique, à condition de pérenniser le cadre réglementaire.

Or, malgré les avancées, des zones d’incertitude demeurent, notamment autour du statut des cannabinoïdes mineurs (CBG, CBC, HHC, etc.), de la fiscalité applicable, ou des seuils de tolérance en cas de transformation.

Vers une reconnaissance officielle de la filière ?

L’un des enjeux majeurs de 2025 reste la reconnaissance pleine et entière de la filière chanvre bien-être comme secteur agricole stratégique.

À ce jour, de nombreuses exploitations ne bénéficient d’aucun soutien PAC (Politique Agricole Commune) ni d’accès facilité aux financements bancaires.

Face à cette situation, plusieurs députés et sénateurs ont appelé à l’adoption d’un cadre national cohérent, qui distinguerait clairement le chanvre industriel du cannabis récréatif.

Une demande d’autant plus légitime que les produits à base de CBD sont désormais légaux dans toute l’Union européenne, avec des standards clairs en matière d’étiquetage et de contrôle qualité.

En 2025, le chanvre s’impose comme un pilier discret mais stratégique de la transition écologique et économique française

Reste à accompagner cette dynamique avec des lois stables, des aides adaptées, et une reconnaissance officielle du rôle que le chanvre peut jouer dans la résilience agricole de demain.

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